L’abbaye de Bonmont est fondée vers 1120 par deux seigneurs de Divonne, Walcher de Divonne et son frère, Étienne de Gingins.
Ils donnent des terres et font appel aux moines bénédictins de l’abbaye de Balerne, située à Mont-sur-Monnet, en Franche-Comté. La région du pied de la Dôle, par la richesse de son hydrographie se prêtait bien à l’implantation d’une abbaye qui se devait de vivre en autarcie. L’eau constituait l’unique source énergétique pour faire tourner la roue de son moulin et de ses ateliers.
L’ancienne abbaye cistercienne de Bonmont n’a conservé que son église. Le cloître, les bâtiments conventuels et les annexes ont malheureusement disparu dès la reprise du site par le souverain bernois en 1536. Durant l’époque bernoise, diverses interventions eurent lieu qui ont influencé la structure:
- démolition des bâtiments monastiques
- démolition de la voûte du transept sud
- raccourcissement de la nef
- construction de locaux fonctionnels (appartement, four à pain, laiterie-fromagerie, etc)
L’église abbatiale quant à elle fut sauvée car les bernois lui trouvèrent une utilité, ils la transformèrent en grange à blé. C’est donc la réutilisation de l’église à des fins profanes qui la sauva de la destruction.
Le cloître, les bâtiments conventuels et les annexes ont malheureusement disparu
En 1802, le domaine de Bonmont, alors bien public, fut vendu à des particuliers et resta dès lors en mains privées. Seule l’église, en 1982, a pu devenir propriété de l’Etat de Vaud, lequel entreprit des travaux de restauration.
Les investigations archéologiques accompagnant les récents travaux de restauration ont duré de 1982 à 1988. Elles ont débuté par les fouilles et l’analyse des élévations de l’église. En vue de l’aménagement des alentours de l’édifice, les recherches dans le sous-sol ont été étendues à l’extérieur, sur les surfaces correspondant à la deuxième travée du sanctuaire et du porche protégeant autrefois l’entrée dans la façade orientale de la nef, deux éléments ayant aujourd’hui disparu.
L'Abbaye dès le XIIe et le XIIIe siècle
L’église, ce qu’il en reste et ses différents projets
L’église est le seul élément du site monastique à avoir été conservé.
Elle fut construite au cours de cinq chantiers successifs qui ont duré soixante ans (voir le panneau archéologie).
Premier projet: les témoins du premier projet ne se retrouvent que sous les maçonneries constituant le croisillon sud du transept actuel. Il s’agit de structures qui ont été reprises comme fondement lors des étapes ultérieures de l’édification du croisillon.
Deuxième projet: en élévation, les structures du deuxième projet changent de nature dès une hauteur de 1,50 m au moins. Le deuxième projet n’a vraisemblablement touché que le bâtiment conventuel.
Troisième projet: ce troisième projet est incontestablement de type bernardin. S’il avait été réalisé, il aurait peu différé de celui de l’église actuelle.
Quatrième et cinquième projets: la totalité des fondations est utilisée pour édifier le bâtiment constituant l’église actuelle. Lors du 4e projet, on utilise essentiellement un calcaire grisâtre et tendre façonné à la laie. Dans les structures du 5e projet, nous retrouvons ce même matériau, dominé toutefois par un calcaire blanc et dur.
Reconstitution de l’église achevée
Reconstitution de l’église à la fin du Moyen Âge
Les modifications tardives de l'église
L’ intervention la plus spectaculaire reste l’implantation du clocher au-dessus de la croisée. Sans modifier l’aspect intérieur du bâtiment, les murs de façade de ce nouvel élément furent posés sur les structures de l’église primitive, partiellement démolies pour constituer une assise plus sûre.
Le clocher a été élevé entre 1488 et 1489.
L’implantation particulièrement habile de ce clocher, sans perturbation importante des structures préexistantes, a conduit les historiens de l’art à le juger contemporain du reste de l’église, et même antérieur à 1157, année où le chapitre général cistercien interdit l’édification de clochers sur ses églises.
La construction du clocher est certainement liée à l’apparition de sépultures à l’intérieur de l’église, qui ont dû recevoir les membres de quelques familles de notables de la région; leurs donations ont peut-être contribué à son édification.